الأربعاء، 24 فبراير 2016

Le départ du voyageur éternel




 Avec le décès de l’écrivain Alaa Al-Dib, l'Egypte a perdu un humaniste hors pair et l'un des derniers représentants de la génération des années 1960. Trois de ses disciples apportent ici leur témoignage.








Dina kabil


Né en 1939, Alaa Al-Dib a vécu dans le quartier de Maadi jusqu’à sa mort. Etudiant, il est influencé par les idées marxistes et existentielles. Il travaille à la revue pionnière Sabah Al-Kheir, et publie son premier recueil de nouvelles, en 1964, Al-Qahéra (Le Caire), et entre autres recueils Al-Moussafer Al-Abadi (le voyageur éternel) en 1999. Puis il s’oriente vers l’écriture du roman à partir de 1987 avec son chef-d’oeuvre Zahr Al-Laymoune (fleur de citron). Il reçoit le prix du meilleur livre de l’année 1999 pour Oyoun Al-Banafseg (regards de violettes). Après la défaite de 1967, il arrête ses reportages à l’hebdomadaire Sabah Al-Kheir pour écrire sa rubrique Assir Al-Kotob (jus de livres). Et depuis, il n’a jamais arrêté d’adopter les jeunes talents et de les présenter au grand public. Il meurt à l’hôpital militaire de Maadi après une longue maladie. Voici le témoignage de trois de ses disciples

Sayed Mahmoud, poète « Alaa Al-Dib était le chroniqueur de la classe moyenne »

On peut considérer l’écrivain Alaa Al-Dib comme l’auteur de la classe moyenne par excellence. Déjà son chef-d’oeuvre Zahr Al-Laymoune (fleur de citron) en 1987 a permis aux lecteurs de découvrir les contradictions de la classe moyenne. Puis à travers sa trilogie Atfal Béla Domoue (des enfants sans larmes), Qamar Ala Mostanqae (lune au bord du marécage) et Ayyam Wardiya (beaux jours) entre 1989 et 2000, il décrit ses rêves et ses angoisses qui transparaissent dans ses personnages, symbolisant la frustration vécue par toute une génération après la défaite de 1967.

Cette défaite a transformé Al-Dib en « un mort-vivant » selon sa propre expression. Dans les années qui suivent, il deviendra un « vieillard sans sagesse, qui a vu naître la fissure toute petite, puis grandir sans jamais trouver de réparation ou de remède, puisque formée au fond de son âme ». Il témoigne de la transformation de la Révolution de 1952 « en un régime militaire » et l’intellectuel de gauche en un fonctionnaire bureaucratique. Dans son autobiographie Waqfa Qabl Al-Monhadar (arrêt avant la pente), on se rend compte de la profondeur du sentiment de la perte, mais surtout du prix payé par sa génération et de ses espoirs de changement qui ne se sont jamais réalisés.

Alaa Khaled, poète et romancier « Il s’est toujours senti en harmonie avec le lieu »

Au cours d’une interview avec Monsieur Alaa Al-Dib, il m’a expliqué ses errances dans Le Caire des années 1950. Son Caire adoré. Sur la route vers l’université, il s’est toujours senti en harmonie avec le lieu. Je ressentais, en l’écoutant, que l’univers entier était soumis à son rythme intérieur. Malgré tout le tumulte du Caire des années 1950, il n’a jamais perdu cette sensation d’harmonie. Mais lui, comme les héros de ses romans, vont perdre cette sensation avec le lieu dans les années 1960. Je le voyais souvent à Alexandrie, dans sa chambre donnant sur la mer, là il me parlait de Marsa Matrouh, cet endroit situé assez loin de son Caire. Alexandrie et Matrouh sont dès lors devenus son nouveau Caire. Pour lui, la source d’inspiration ne se trouve dès lors que très loin. Mais l’âme sereine de Alaa Al-Dib exhalait son ombre sur son entourage. Cette âme lui a permis pendant de longues années de voir la vie comme un passage ombrageux.

Yasser Abdel-Latif, poète et romancier « Salut Am Alaa ! »

Ce dialogue a eu lieu entre mon père et mon oncle Abdel-Aziz, à peu près vers 1988.
Mon père : Ce gars est fichu mon vieux (parlant de moi), la drogue lui a fait perdre la raison.
Mon oncle : Mais M. Alaa Al-Dib affirme qu’il est prometteur, et qu’il a beaucoup de talent pour l’écriture.
Mon père : Ne t’en fais pas, moi je m’occupe des frais de l’université, et Alaa Al-Dib assumera les frais de la drogue !

Que Dieu bénisse tout le monde, Salut Am Alaa l
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نشرت في الأهرام إبدو بتاريخ 24 فبراير 2016



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